allo allo, ici la Birmanie
MiNGALABA!
voila que j'entame mon troisieme jour en territoire birman. premieres impressions a la suite de 2 journees (et soirees) plutot intenses.
a quoi ca ressemble?
pour l'instant je suis a Yangon, anciennement connue sous le nom de Rangoon, qui depuis recemment n'est plus la capitale "officielle" du pays (le gouvernement ayant deplace ses quartiers generaux a 300km plus a l'interieur des terres, jugeant la ville trop proche de la mer et de ce fait trop vulnerable). a mon grand etonnement, en arrivant ici, j'ai eu l'impression d'etre propulsee en Inde. une sensation de "campagne a la ville", des gens de toutes les couleurs, souvent tres fonces, et portant des "longyi" (sorte de sarong, ou piece de tissu, enroulee telle une jupe longue et portee par les hommes). beaucoup de gens originaires d'Inde. de l'animation (seulement au centre ville et pas apres 22h), une espece de desorganisation qui semble fonctionner (trait typique de l'Inde: impossible de concevoir intellectuellement comment ca peut marcher, mais ca semble marcher, vaille que vaille), des "tchai shops" (petits cafes ou on vend du "tchai", ce fameux the indien au lait parfume aux epices), etc. bref, une sensation d'etre dans un endroit familier et dont j'ai la nostalgie. pas franchement desagreable, je dirais meme plutot plaisant.
en ce qui concerne le gouvernement et ses exactions, il est difficile d'en voir les repercussions a l'oeil nu. on prend vite conscience, en arrivant, qu'il faut eviter au maximum de donner son argent dans des organismes gouvernementaux, privilegiant le secteur prive et esperant qu'une part de cet argent, tant que faire se peut, ira dans les poches des locaux. il n'est pas bien difficile de reperer les hotels geres par le gouvernement, ils sont outrancierement luxueux par rapport au decor general. avec les gens, bien sur, il n'est pas facile de parler de tout ca, voire impossible, il me faudra du temps et de la chance pour entrer en contact plus direct et esperer apprendre des choses. le journal quotidien est assez explicite cependant, et sans equivoque, mettant constamment en avant les bienfaits du gouvernement et de l'armee, et rappelant au peuple qu'il vit heureux (si si, il insiste) et que l'etat, fort et bienveillant, se charge de tout (developpement social, economique, etc). sans oublier une forte propagande anti-americaine. imprimes en gros sur la 1ere page, on trouve tous les jours les "4 objectifs du peuple". je n'ai pas de journal sous la main, mais je ne manquerai pas de vous reporter ca quand j'en aurai l'occasion.
la journee d'hier fut excellente.
on est alles se balader au centre ville, dans les rues, les marches, les cafes. ca vit, ca bouge, ca sourit. les gens sont charmants, et si la Thailande porte le titre de "pays des sourires" (j'ajouterais "automatiques" a cette expression), le sourire birman a ca de tellement plus qu'il semble venir du coeur, qu'il est spontane et plein d'une tendre complicite. c'est ce que je ressens, tout specialement avec les femmes. je les trouve reellement pleines de charme.
en fin d'apres-midi, visite de la Shwedagon Pagoda, un site un peu au nord de la ville, aux milles pagodes, dont la principale, enorme et recouverte d'or, se fait la gardienne de quelques cheveux de Bouddha. mille merveilles. les photos a mon retour. epoustouflant.
la soiree d'hier fut deplorable.
passablement enerves (j'en avais presque des crampes a l'estomac) par une discussion ridicule et envenimee avec un touriste australien de la cinquantaine qui se proclamait "grand voyageur", pretendait tout savoir et tout comprendre parce qu'il etait venu en Birmanie il y a 27 ans ("before you were born, kiddies", ce qu'il n'arretait pas de repeter, AAARGGH!), tout cela en deblaterant des insanites vaniteuses, emplies d'une profonde stupidite et presque racistes, Nico, Edward l'irlandais, Simon le quebecois et moi avons decide de sortir pour nous changer les idees. mais a 23h, tout ferme. nous avons donc erre dans la rue, a la recherche d'un endroit ou se poser. et c'est la qu'est apparu le "Asian Club", ouvert jusqu'a 1h30 du matin. apres avoir paye le prix d'entree exorbitant (equivalent a 2,50euros, sachant qu'une nuit en dortoir dans une guesthouse en coute 3), nous nous sommes retrouves dans un... bar a hotesses! des filles partout, le sourire dans les chaussettes, essayant d'attirer l'attention des 3 occidentaux qui m'accompagnaient; d'autres filles defilant sur une scene dans des robes a paillettes, qui semblaient a tout jamais avoir perdu la faculte de sourire, et que les clients du club faisaient appeler pour les prendre sur leurs genoux et les tripoter avec des grosses mains lubriques. en entrant sur scene, elles donnaient a la fois l'impression d'esperer etre remarquees par un client et d'esperer tout aussi fort (peut-etre plus) ne pas l'etre. un marche a la viande, il n'y a aucun autre mot. une tristesse infinie dans ces lieux, que je pouvais ressentir si fort, jusque dans mes os, et qui me donnait a la fois envie de pleurer et de vomir. Nico et Edward, assis a cote de moi, tiraient la meme tronche que je devais avoir. et n'arretaient pas de me dire: " je suis peut-etre naif, mais je prefere croire que ce n'est pas ce que je crois", et moi de constamment leur repondre: "mais quoi d'autre? qu'est-ce que ca peut etre d'autre??!". probablement un mecanisme de defense en reaction au degout eprouve par rapport a leurs congeneres de sexe masculin.
je ne sais pas comment l'exprimer, mais il y avait quelque chose de puissamment malsain en ces lieux. et pourtant, pour avoir vu deja nombre de lieux de prostitution en Thailande, je peux vous dire que je n'ai jamais ressenti ca d'une telle force dans ma chair et mon esprit.
nous n'avons pas fait long feu. apres avoir fini nos verres et reussi a nous arracher a cette stupeur qui nous maintenait scotches a nos sieges, nous avons pris la tangente. et c'est presque en courant que j'ai gravi les escaliers qui menaient vers la sortie.
nous avons passe une bonne partie du reste de la nuit sur la terrasse, a en parler pour essayer de comprendre et surtout evacuer. apres ca, nous avons tous passe une mauvaise nuit.
bref.
aujourd'hui, on prepare la suite du voyage. demain, j'espere, nous pourrons nous mettre en route vers le nord, Mandalay et Bagan sont au programme immediat. beautes naturelles, sites anciens, campagne. ouf!
bon, ben sinon tout va bien. c'est intense mais formateur. instructif. edifiant.
mais le moral est bon. tres bon meme. :)
sur ce, je vous laisse, et j'espere continuer a avoir acces a mon blog pour vous tenir informes. (bien que cela risque d'etre bien plus difficile hors de la capitale).
allez, je m'en vais attaquer ma journee!
voila que j'entame mon troisieme jour en territoire birman. premieres impressions a la suite de 2 journees (et soirees) plutot intenses.
a quoi ca ressemble?
pour l'instant je suis a Yangon, anciennement connue sous le nom de Rangoon, qui depuis recemment n'est plus la capitale "officielle" du pays (le gouvernement ayant deplace ses quartiers generaux a 300km plus a l'interieur des terres, jugeant la ville trop proche de la mer et de ce fait trop vulnerable). a mon grand etonnement, en arrivant ici, j'ai eu l'impression d'etre propulsee en Inde. une sensation de "campagne a la ville", des gens de toutes les couleurs, souvent tres fonces, et portant des "longyi" (sorte de sarong, ou piece de tissu, enroulee telle une jupe longue et portee par les hommes). beaucoup de gens originaires d'Inde. de l'animation (seulement au centre ville et pas apres 22h), une espece de desorganisation qui semble fonctionner (trait typique de l'Inde: impossible de concevoir intellectuellement comment ca peut marcher, mais ca semble marcher, vaille que vaille), des "tchai shops" (petits cafes ou on vend du "tchai", ce fameux the indien au lait parfume aux epices), etc. bref, une sensation d'etre dans un endroit familier et dont j'ai la nostalgie. pas franchement desagreable, je dirais meme plutot plaisant.
en ce qui concerne le gouvernement et ses exactions, il est difficile d'en voir les repercussions a l'oeil nu. on prend vite conscience, en arrivant, qu'il faut eviter au maximum de donner son argent dans des organismes gouvernementaux, privilegiant le secteur prive et esperant qu'une part de cet argent, tant que faire se peut, ira dans les poches des locaux. il n'est pas bien difficile de reperer les hotels geres par le gouvernement, ils sont outrancierement luxueux par rapport au decor general. avec les gens, bien sur, il n'est pas facile de parler de tout ca, voire impossible, il me faudra du temps et de la chance pour entrer en contact plus direct et esperer apprendre des choses. le journal quotidien est assez explicite cependant, et sans equivoque, mettant constamment en avant les bienfaits du gouvernement et de l'armee, et rappelant au peuple qu'il vit heureux (si si, il insiste) et que l'etat, fort et bienveillant, se charge de tout (developpement social, economique, etc). sans oublier une forte propagande anti-americaine. imprimes en gros sur la 1ere page, on trouve tous les jours les "4 objectifs du peuple". je n'ai pas de journal sous la main, mais je ne manquerai pas de vous reporter ca quand j'en aurai l'occasion.
la journee d'hier fut excellente.
on est alles se balader au centre ville, dans les rues, les marches, les cafes. ca vit, ca bouge, ca sourit. les gens sont charmants, et si la Thailande porte le titre de "pays des sourires" (j'ajouterais "automatiques" a cette expression), le sourire birman a ca de tellement plus qu'il semble venir du coeur, qu'il est spontane et plein d'une tendre complicite. c'est ce que je ressens, tout specialement avec les femmes. je les trouve reellement pleines de charme.
en fin d'apres-midi, visite de la Shwedagon Pagoda, un site un peu au nord de la ville, aux milles pagodes, dont la principale, enorme et recouverte d'or, se fait la gardienne de quelques cheveux de Bouddha. mille merveilles. les photos a mon retour. epoustouflant.
la soiree d'hier fut deplorable.
passablement enerves (j'en avais presque des crampes a l'estomac) par une discussion ridicule et envenimee avec un touriste australien de la cinquantaine qui se proclamait "grand voyageur", pretendait tout savoir et tout comprendre parce qu'il etait venu en Birmanie il y a 27 ans ("before you were born, kiddies", ce qu'il n'arretait pas de repeter, AAARGGH!), tout cela en deblaterant des insanites vaniteuses, emplies d'une profonde stupidite et presque racistes, Nico, Edward l'irlandais, Simon le quebecois et moi avons decide de sortir pour nous changer les idees. mais a 23h, tout ferme. nous avons donc erre dans la rue, a la recherche d'un endroit ou se poser. et c'est la qu'est apparu le "Asian Club", ouvert jusqu'a 1h30 du matin. apres avoir paye le prix d'entree exorbitant (equivalent a 2,50euros, sachant qu'une nuit en dortoir dans une guesthouse en coute 3), nous nous sommes retrouves dans un... bar a hotesses! des filles partout, le sourire dans les chaussettes, essayant d'attirer l'attention des 3 occidentaux qui m'accompagnaient; d'autres filles defilant sur une scene dans des robes a paillettes, qui semblaient a tout jamais avoir perdu la faculte de sourire, et que les clients du club faisaient appeler pour les prendre sur leurs genoux et les tripoter avec des grosses mains lubriques. en entrant sur scene, elles donnaient a la fois l'impression d'esperer etre remarquees par un client et d'esperer tout aussi fort (peut-etre plus) ne pas l'etre. un marche a la viande, il n'y a aucun autre mot. une tristesse infinie dans ces lieux, que je pouvais ressentir si fort, jusque dans mes os, et qui me donnait a la fois envie de pleurer et de vomir. Nico et Edward, assis a cote de moi, tiraient la meme tronche que je devais avoir. et n'arretaient pas de me dire: " je suis peut-etre naif, mais je prefere croire que ce n'est pas ce que je crois", et moi de constamment leur repondre: "mais quoi d'autre? qu'est-ce que ca peut etre d'autre??!". probablement un mecanisme de defense en reaction au degout eprouve par rapport a leurs congeneres de sexe masculin.
je ne sais pas comment l'exprimer, mais il y avait quelque chose de puissamment malsain en ces lieux. et pourtant, pour avoir vu deja nombre de lieux de prostitution en Thailande, je peux vous dire que je n'ai jamais ressenti ca d'une telle force dans ma chair et mon esprit.
nous n'avons pas fait long feu. apres avoir fini nos verres et reussi a nous arracher a cette stupeur qui nous maintenait scotches a nos sieges, nous avons pris la tangente. et c'est presque en courant que j'ai gravi les escaliers qui menaient vers la sortie.
nous avons passe une bonne partie du reste de la nuit sur la terrasse, a en parler pour essayer de comprendre et surtout evacuer. apres ca, nous avons tous passe une mauvaise nuit.
bref.
aujourd'hui, on prepare la suite du voyage. demain, j'espere, nous pourrons nous mettre en route vers le nord, Mandalay et Bagan sont au programme immediat. beautes naturelles, sites anciens, campagne. ouf!
bon, ben sinon tout va bien. c'est intense mais formateur. instructif. edifiant.
mais le moral est bon. tres bon meme. :)
sur ce, je vous laisse, et j'espere continuer a avoir acces a mon blog pour vous tenir informes. (bien que cela risque d'etre bien plus difficile hors de la capitale).
allez, je m'en vais attaquer ma journee!
posted by mymi at 9:53 PM
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